AMIBIASE

AMIBIASE
AMIBIASE

Affection parasitaire et contagieuse, l’amibiase est due à un protozoaire, l’amibe dysentérique, Entamoeba histolytica.

On l’observe dans le monde entier, mais surtout dans les régions chaudes et humides. Les grands deltas tropicaux, en Asie tout particulièrement, ont le triste privilège de représenter le domaine électif de l’endémie amibienne.

En climat tempéré, tel celui d’Europe occidentale, l’amibiase n’est pas rare. Les grands brassages actuels de population y amènent des sujets ayant contracté leur amibiase en pays tropical. Ces «porteurs» peuvent être la source de petites épidémies dans l’entourage familial ou professionnel. À cette amibiase d’importation s’ajoute une amibiase autochtone, généralement peu grave, survenant chez des sujets n’ayant jamais quitté la zone tempérée et une éventuelle contamination par un amibien «d’importation» n’a pu être mise en évidence.

1. Le parasite et sa transmission

Le parasite existe sous trois formes : deux végétatives et une kystique.

– La forme végétative, dite minuta , a un diamètre de 12 à 15 猪m et vit à la surface de la muqueuse colique. Elle se nourrit du contenu intestinal, mais jamais de globules rouges. C’est elle que l’on rencontre au début de l’infestation, dans les colites chroniques amibiennes et chez les «porteurs sains». Elle seule a le pouvoir de s’enkyster. Elle est donc à l’origine de la contamination du milieu.

– La forme végétative, dite histolytica , de 20 à 30 猪m de diamètre, est très mobile. Elle apparaît lorsque la résistance naturelle de l’homme est ou devient insuffisante, par transformation de la forme minuta qui grandit et acquiert le pouvoir de lyser les tissus environnants. Elle pénètre alors dans la profondeur de la muqueuse et c’est elle que l’on découvre dans les formes dysentériques (colite amibienne aiguë). Elle peut passer dans les capillaires intestinaux et diffuser par voie sanguine ou lymphatique. Elle est alors responsable des localisations extra-intestinales (abcès métastatiques du foie, du poumon, etc.). Dans les selles, on la reconnaît facilement, car son cytoplasme contient des hématies phagocytées.

– Le kyste, né d’une forme minuta qui s’immobilise et s’entoure d’une coque, est éliminé dans les selles. Lorsqu’il est mûr, il contient quatre noyaux. Il est la forme de résistance aux agents climatiques (voire chimiques) et assure la dissémination du parasite.

L’amibiase est le type même des affections à transmission digestive et la contagion est strictement interhumaine, l’animal n’étant pas atteint par la maladie.

Le parasite siège dans le gros intestin, et tout porteur de kystes en essaime autour de lui par ses selles. Seul le kyste est dangereux, car il peut survivre en milieu extérieur. Les formes mobiles sont au contraire très rapidement détruites après élimination intestinale.

Dans cette maladie où le «péril fécal» est au premier plan, la contagion se fait à partir de l’homme porteur de kystes et surtout par l’intermédiaire des produits qu’il souille: l’eau avant tout, le sol, les aliments et, en général, tout objet, sans oublier les mouches, véritables «pont aérien» entre les excreta contagieux et les aliments. Toute faute d’hygiène peut avoir des conséquences graves.

Les kystes ingérés vont s’implanter dans le gros intestin et, à cette amibiase-infestation, fera suite plus ou moins rapidement l’amibiase-maladie, c’est-à-dire les manifestations cliniques, dont le déclenchement sera assuré par toute perturbation de la flore microbienne intestinale, ainsi que par toute agression même minime, telle que fatigue, refroidissement, écart alimentaire ou agression chimique (eaux magnésiennes).

De grandes épidémies sont rarement à craindre, l’amibiase évoluant sur le mode endémique ou par petits foyers. Mais on compte des millions d’amibiens de par le monde.

2. La maladie

L’amibiase revêt un aspect plus redoutable sous les tropiques qu’en région tempérée et, si les manifestations intestinales sont les plus fréquentes, ce ne sont pas les seules.

Manifestations intestinales

L’amibiase intestinale s’extériorise sous deux modes différents:

– La dysenterie amibienne d’abord, expression la plus connue de la maladie, à tel point qu’on confond souvent amibiase et dysenterie amibienne. Or ce n’est pas, loin de là, l’accident pathologique le plus fréquent en climat tempéré.

Son début est brutal, avec de violentes douleurs abdominales, constrictives et intermittentes; les selles vont se multiplier, dix par jour en moyenne, faites de glaires et de sang. Mais, d’habitude, l’état général s’altère peu, et la température s’élève modérément. Sous traitement spécifique, la guérison sera obtenue le plus souvent en quelques jours.

Les formes graves, typhoïdiques ou cholériformes, et les formes compliquées d’hémorragies ou de perforations intestinales se voient surtout sous les tropiques.

Point capital, dans tous les cas, après sédation de cet épisode aigu qui pourra du reste récidiver, la maladie aura une tendance naturelle à la chronicité.

– La colite amibienne chronique ensuite, aspect habituel et très polymorphe de la maladie en climat tempéré.

Le transit intestinal est toujours perturbé, fait de diarrhée chronique, mais aussi de constipation ou d’alternance des deux, et accompagné de douleurs coliques.

De multiples troubles peuvent accompagner la colite proprement dite: dyspepsie gastrique ou hépato-bilaire, atteinte de l’état général et manifestations neuro-végétatives telles que vertiges, maux de tête, palpitations, douleurs diverses et syncopes. La maladie pourra s’étendre sur des années. Bien plus, les troubles pourront continuer après disparition des amibes, si elles ont laissé des séquelles locales durables.

Localisations extra-intestinales

L’amibiase ne lèse pas que l’intestin ; le foie et plus rarement le poumon peuvent être touchés.

C’est ainsi que l’hépatite amibienne représente la complication majeure de l’amibiase intestinale: l’amibe hématophage peut franchir la paroi colique, passer dans le sang veineux et envahir le foie pour y déterminer:

– une hépatite amibienne non suppurée, avec gros foie douloureux et fébrile, curable le plus souvent par traitement médical spécifique;

– secondairement, l’abcès amibien du foie, poche de pus ayant tendance à envahir les organes voisins. À ce stade, le chirurgien seul pourra sauver le malade en évacuant l’abcès.

Quant à l’amibiase pleuro-pulmonaire, elle n’est, la plupart du temps, que la conséquence d’une migration de l’abcès hépatique dans la plèvre ou le poumon droit.

Les autres localisations amibiennes sont exceptionnelles et discutables. Aussi le diagnostic de la maladie repose-t-il essentiellement sur la mise en évidence du parasite dans les selles. C’est l’affaire de laboratoires compétents qui doivent distinguer l’amibe dysentérique, sous ses différents aspects, des autres amibes non pathogènes, la banale amibe du côlon surtout. Enfin un séjour en terre d’endémie amibienne ou un contact avec des amibiens est toujours utile pour orienter le diagnostic.

3. Le traitement

Tout amibien doit être déparasité, dans son intérêt et dans celui de son entourage. Deux grands groupes de médications sont utilisés:

– Les amœbicides diffusibles, à fixation tissulaire, sont utilisés dans les formes aiguës intestinales et extra-intestinales. Le premier connu fut l’émétine, alcaloïde naturel de l’ipéca (Cephaelis ipecacuanha , plante sud-américaine de la famille des Rubiacées), remplacé ensuite par la 2-déhydro-émétine, molécule de synthèse, plus maniable car moins toxique. On a utilisé ensuite les médicaments de la série des nitro-imidazoles (métronidazole, secnidazole) administrables par voie buccale, qui sont extrêmement efficaces tant sur les formes intestinales qu’extra-intestinales et dont certains sont même actifs sur les infections bactériennes associées. On peut dire que cette médication a révolutionné le traitement de l’amibiase, permettant la guérison rapide de la parasitose même dans ses formes graves.

– Les amœbicides de contact appartiennent à diverses familles de molécules de synthèse. Ils permettent le traitement des formes chroniques de l’amibiase intestinale et aussi des porteurs sains. Des dérivés de l’arsenic, des oxyquinoléines, des oxines ont été utilisés mais on tend à leur préférer les nitro-imidazoles, en particulier le secnidazole, très actif sur les formes minuta et les kystes.

Malgré tout, le traitement reste long et doit être confié à des spécialistes avertis. À côté des amœbicides, il fera appel à des produits actifs sur la flore intestinale, à des pansements intestinaux, sédatifs et antispasmodiques, sans oublier la diététique et le thermalisme.

La prophylaxie enfin est difficile et même illusoire en zone d’endémie. Cependant, le déparasitage des amibiens, avec examen systématique de leur entourage, reste la meilleure arme prophylactique en climat tempéré où l’amibe ne trouve pas les facteurs climatiques et telluriques favorables. En zone d’endémicité amibienne, toute diarrhée doit être immédiatement traitée. On évite ainsi, sinon l’amibiase-infestation, tout au moins l’amibiase-maladie.

amibiase [ amibjaz ] n. f.
• 1909; de amibien
Parasitose due à des amibes, caractérisée par la dysenterie, et compliquée souvent d'abcès (foie, poumons, reins).

amibiase nom féminin Maladie parasitaire due à l'infestation par l'amibe Entamœba histolytica.

amibiase
n. f. MED Parasitose du gros intestin, due à une amibe Entamoeba histolytica, qui peut parfois provoquer une diarrhée aiguë (dysenterie amibienne) ou chronique et des lésions viscérales graves, en partic. du foie. L'amibiase est endémique en zone tropicale et intertropicale.

⇒AMIBIASE, subst. fém.
MÉD. Maladie parasitaire principalement causée par certaines espèces d'amibes. Amibiase hépatique, intestinale (cf. DOPTER ds F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 3, 1920-1924, p. 310).
DÉR. Amibiasique, adj. et subst. a) Adj. Qui a rapport à l'amibiase; processus amibiasique (cf. DOPTER ds F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 3, 1920-1924, p. 332); b) Subst. Malade atteint d'amibiase (cf. DOPTER ds F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 3, 1920-1924, p. 352); synon. amibien.
Prononc. :[amibja:z] (cf. Pt ROB.) ou [] (cf. Harrap's 1963).
Étymol. ET HIST. — 1920-24 méd., supra.
Dér. de amibien; suff. -ase.
Amibiasique, 1920-24, supra.
BBG. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — Lar. méd. 1970. — POROT 1960.

amibiase [amibjɑz] n. f.
ÉTYM. 1909, in D. D. L.; de amibien.
Méd. Maladie parasitaire due à des amibes, caractérisée surtout par la dysenterie, et compliquée souvent d'abcès (foie, poumons, reins). || Traitement de l'amibiase. Anti-amibien.
0 Il fit une scène effroyable à Berthe-nom-de-dieu, parce qu'elle achetait des glaces à un marchand ambulant, et qu'elle allait encore attraper une amibiase et qui est-ce qui paierait ?
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 243.
DÉR. Amibiasique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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